Ostéopathie : un allié pour un allaitement réussi !

Durée : 4mn

Article écrit par Loris Frisoni, ostéopathe.

 

“Un allaitement NE DOIT PAS FAIRE MAL !”

Oui mesdames, contre toute attente, un allaitement qui est réussi et où tout fonctionne bien ne doit pas être douloureux.

Mais pour que cela arrive, aucun grain de sable ne devrait venir coincer les multiples engrenages interdépendants qui composent l’allaitement maternel.

Parfois, ces grains de sable, bien plus désagréables que ceux de la dernière plage sur laquelle vous avez posé les pieds, proviennent de votre côté, parfois du côté de votre petit bout de choux, parfois même des deux en même temps. Nous allons voir ici en quoi l’ostéopathie peut avoir un impact pour déloger ces grains de sable et relancer la machine !

Vous connaissez peut-être, ou avez déjà vécu, les douleurs lors d’un allaitement: irritations,
crevasses, engorgement, mastites… Elles forcent parfois les mamans à stopper un allaitement, même si ce dernier est fortement désiré depuis toujours afin de renforcer ce lien unique mère-enfant.
Ces douleurs sont pour la plupart, voire la quasi totalité du temps, dues à un trouble de la succion de votre bébé.


Et si le grain de sable venait du côté de bébé ?


Bien que votre bébé soit un expert de la succion, à tel point que s’en est un réflexe, nombreux sont les facteurs qui peuvent se cumuler et influer négativement sur cette dernière :

– causes mécaniques,
– troubles sensoriels,
– réflexes archaïques

 

LES CAUSES MECANIQUES

Les freins restrictifs buccaux
Tout le monde a des freins dans la bouche: vous comme moi, en passant par votre nouveau-né.
Nous en avons au niveau de notre langue, de nos lèvres et même de nos joues. La présence de freins est normale, c’est lorsque ce frein est restrictif, c’est-à-dire qu’il est trop court, trop tendu ou qu’il empêche la bonne mobilité des structures autour, qu’il va être problématique.

Les freins restrictifs buccaux jouent un rôle important dans le manque d’étanchéité de la succion, dans la restriction de mobilité de la langue, dans les compensations que le bébé va créer autour de ce manque de mobilité et donc de facto dans les différents troubles digestifs (reflux, régurgitations, coliques, …)

L’ostéopathe spécialisé aura pour rôle d’évaluer la restrictivité de ces freins et l’impact de ces derniers sur la succion de votre nouveau-né. Il saura vous référer, si besoin, vers dentiste/ORL pour une éventuelle frénectomie (ablation du frein) afin de rendre au bébé une meilleure succion.

Les tensions accumulées
On peut retrouver des tensions (musculaires ou articulaires) au niveau de la base du crâne, de la face, de l’articulation de la mâchoire (articulation temporo-mandibulaire (ATM)), du palais, de la langue, du cou, du thorax et voire plus à distance, qui peuvent avoir un impact direct sur la mobilité de la langue. Cette dernière étant primordiale dans la succion, toute entrave à la libre mobilité de la langue va de facto avoir la possibilité d’entraîner un trouble de la succion et la mise en place de
compensations par le bébé afin de maintenir l’alimentation.

L’ostéopathe spécialisé aura pour rôle de faire diminuer et dans le meilleur des cas de faire
disparaître, par des manipulations douces mais précises, ces tensions entravant la mobilité libre des structures participant à la succion de bébé.

Les positions d’allaitement
La position de la maman et du bébé lors de l’allaitement ont un impact important sur la succion. Un bébé en position couchée et avec une tête en flexion aura du mal à réaliser un mouvement de langue adapté pour une succion optimale.

L’ostéopathe formé sera à même d’évaluer la position que vous adoptez et de la corriger si besoin est.


LES TROUBLES SENSORIELS
On parle souvent de bébés qui vont avoir une “hyper-réactivité” ou une “hypo-réactivité” sensorielle.
– Les hyper-réactifs/sensibles : le bébé ne veut rien amener à sa bouche car la sensation
que cela lui procure est trop puissante, désagréable… le cerveau considère l’information
comme dangereuse. Ils peuvent alors présenter un réflexe nauséeux.
– Les hypo-réactifs/sensibles : le cerveau n’arrive pas à bien percevoir les stimulis, il ne déclenche pas une réponse motrice adéquate : le bébé ne sait pas où mettre sa langue, il perçoit mal sa force de langue et peut générer des douleurs au niveau du téton.

On comprend dès lors que le mécanisme de succion peut être altéré par ces troubles sensoriels, ce qui se traduit par un allaitement compliqué.

L’ostéopathe peut intervenir sur ces troubles s’il est spécialisé par rapport à ces derniers et diminuer leurs impacts sur la succion de bébé. D’autres professionnels de santé peuvent également être à même d’intervenir, sous condition de spécialisation : orthophonistes, ergothérapeutes, etc…

 

LES REFLEXES ARCHAÏQUES 
Le réflexe archaïque est une réponse motrice involontaire suite à une stimulation sensorielle. Ces réflexes apparaissent durant la vie foetale pour ensuite s’intégrer quelque temps après la naissance, où tout devient volontaire. Pour le cas de l’allaitement : le bébé a besoin de ces réflexes pour pouvoir attraper le sein et se mettre dans une position de confort pour la succion. L’ostéopathe peut intervenir sur ces troubles s’il est spécialisé par rapport à ces derniers et diminuer leurs impacts sur la succion de bébé. D’autres thérapeutes peuvent également être à même d’intervenir, sous conditions de spécialisation : psychomotriciens, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, chiropracteurs, etc…

 

Et si le grain de sable venait du côté de maman ?


Il existe des cas où l’allaitement peut être très compliqué, voire impossible. On parle souvent de “manque de lait”, or la Leche League France estime de 1 à 5% “seulement” les femmes présentant ce VRAI manque de lait, qui est d’ailleurs souvent dû à une pathologie (hypoplasie mammaire, soucis de thyroïde, hypophyse,…) ou à une réduction mammaire (qui aurait coupé les canaux lactifères).

Votre ostéopathe spécialisé devra également être alerte sur certaines pathologies de type candidose, mastite, abcès, vasospasmes qui sont douloureuses et qui doivent être traitées très rapidement pour ne pas mettre en péril l’allaitement.

Un ostéopathe ne peut pas avoir d’action ici, il aura pour rôle de remarquer la présence de ces
troubles et de vous orienter vers les professionnels de santé nécessaires à la prise en charge de votre trouble.

De façon plus générale : un allaitement douloureux doit inciter à consulter un professionnel de santé et nombreux sont ces derniers qui gravitent autour de cette problématique :

– Consultantes en lactation IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant)
– Thérapeutes manuels : ostéopathes, kinésithérapeutes, chiropracteurs
– Orthophonistes
– Ergothérapeutes
– Dentistes et ORL
– Sages-femmes
– Doulas

 

Rappelez-vous : un allaitement ne doit pas faire mal !

Faites vous aider durant cette phase compliquée pour pouvoir poursuivre sereinement un allaitement qui vous tient tout particulièrement à cœur.

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